Le crachin s’est transformé en pluie battante avec l’arrivée de la nuit. Alors que les premiers concurrents reviennent déjà avec les premières impressions glissantes de ce prologue autour du Leclerc de Sarre-Union, il est temps d’y aller. Cette année, j’ai choisi de monter la rampe pour ces quelques kilomètres urbains. Etant donné les conditions j’ai plutôt bien fait, la visibilité étant quasi nulle ! Arrivé sur la spéciale chaussé des mêmes pneus retaillés qu’au rallye de Nancy, faute de mieux, la motivation est là pour mon vrai premier rallye sous la pluie : go ! Les tours s’enchainent et le rythme s’amplifie, mais la prudence est de mise, ce serait idiot de tout perdre contre un trottoir, en particulier dans la nouvelle variante au niveau du rond-point, plutôt sale et glissant. Arrivée franchie, nous sommes à notre grand étonnement sur le podium de classe : ca commence bien pour un week-end qui aurait dû se passer à la maison ! 22h déjà, auto rentrée au parc, et encore une petite heure de route pour rentrer à domicile, faute d’hôtel disponible dans un si court délai…
   Dimanche matin, 6h, la nuit est encore bien présente tout comme la pluie qui n’a jamais cessée. Direction Sarre-Union, lieu de nos "exploits" de la veille, pour installer l’assistance et partir prendre un petit déjeuner bienvenu avant le départ. Nous conservons l'ordre de départ selon les numéros, et passerons donc toute la journée avec nos collègues de la F2000-12 et les voisins de la N1, un bon point. La pluie s’est calmée pour la première assistance, mais la route reste humide : nous garderons les mêmes pneus toute la journée. J'enlève la rampe, Joël remet du si précieux liquide sans plomb, et direction l’ES1 ! A peine arrivé et déjà refroidi : arrêt de course, on nous annonce des autos sorties un peu partout dans la spéciale, perchées entre flaques d’eau et marres de boue : rassurant ! Nous partons donc prudemment, ramené à l'ordre par une dérive dès le second virage particulièrement sale. Cette première section étroite nous rappele les longs moments de solitudes du rallye de Nancy, tant le passage dans les immenses cordes boueuses est laborieux. Cette fois c’est sur, le patinage sans autobloquant n’est pas ma discipline de glisse préférée !
   Evitant de nous faire piéger, nous parcourons la seconde spéciale sur le même rythme mixant retenue et attaque. C’est plutôt payant, puisque nous sommes toujours 3ème de classe. Devant, Fabrice Martin fait sa course logique de leader, et l’ami Bollot sur sa vaillante Rallye 3 nous refait le même coup qu’en 2009 : une seconde au kil’ de mieux avec la mamie Simca, chapeau l’artiste ! Regroupement éclair, assistance tranquille sous abris de fortune, marquée par le retrait de Cassard sur soucis de boite, et nous repartons pour la deuxième boucle.

   La pluie s’est bien calmée, mais l’état de la route s'est en contrepartie bien dégradé… L’avance sur notre poursuivant, Emilien Bonicel, est à surveiller : un dizaine de secondes. Mais voyant le premier kilomètre de spéciale depuis le départ de l'ES4, Joël me fait remarquer que la 106 met beaucoup de temps à passer ce cap ! Il a du partir à la faute dans le premier piège : il ne nous reste alors plus qu’à gérer notre avance. Celà me permet d’envisager plus sereinement la suite de la course, car attaquer sur ce terrain avec l’AX tient plus de la voltige que du pilotage, et je ne tiens pas à réparer une caisse tout l’hiver… La seconde boucle se passe très bien, sans frayeur, ne lâchant quasiment pas de temps, et en perdant peu par rapport à devant ! Preuve de notre régularité : des chronos à la seconde près par rapport au matin. A l’approche de la dernière boucle de deux spéciales, nous avons 26 secondes de retard sur la Simca de Bolot, et 31 d’avance sur la 106 de Bonicel.
   Alors que le milieu d’après-midi et le dernier tour approchent, le plafond bas et le retour des averses me décident à monter la rampe de phare. Ce choix s’avérera judicieux, car au fil du routier la luminosité baisse à vue d’œil ! Entre le départ du premier concurrent de la F2000-12 et nous en fin de peloton, le contraste est saisissant : un photographe en perdrait ses réglages ! Nous partons au plus mauvais moment, il faut trop nuit pour bien voir sans phare, et pas assez pour rendre la rampe efficace… Une galère ajoutée à la pluie qui redouble, je décide donc d’assurer au maximum, les pneus étant dépassés par l'eau : un peu trop même puisque nous lâchons 17 secondes, erreur de rythme ! L’avance reste suffisante heureusement, et le restera... Car en vue de l’ultime départ : nouvel arrêt de course et ambulance pour une autre victime du long droite sale après le pont de l’autoroute. La nuit est définitivement là, et il reste une quarantaine d’autos à passer, sans rampe pour beaucoup… La direction de course prend donc la sage décision d’effectuer la spéciale en routier. Pour la première fois, je suis content d’être obligé de rouler sur un train de sénateur en spéciale ! A la lueur de la rampe, les virages nous sautent au visage comme autant de pièges boueux : il y aurait eu du grabuge ! Nous rentrons donc au parc fermé plus que satisfait, accrochant une 3ème place inespérée vu le plateau, et surtout abandonnant le mauvais souvenir de ce rallye de Bourbonne annulé…
   Nous concluons dans la nuit alsacienne une saison 2010 régulière et sans aucune sortie, avec une auto certes modeste par rapport à la concurrence, mais qui nous a valu de beaux moments et de grosses sensations, saison 2010 où seul l’abandon final à l’Ajolais est venu ternir une moisson de podiums de classe, saison 2010 où nous avons beaucoup appris et j’espère un peu surpris ! Amis du rallye, rendez-vous en 2011 pour une année où les ambitions seront encore plus grandes, et l'outil je l’espère amélioré : affaire passionnante à suivre...