Les notes tombent bien, je pars sur un rythme correct, le temps de se réhabituer après deux mois sans rouler. Une petite déconcentration suite à la vision de la Clio amochée de l’ami Leboube, un joli appel contre-appel dans le second village, des virages passés au-dessus de la note, et c’est déjà l’arrivée : chrono plus que satisfaisant, second temps de classe à une seconde de la performante Samba de Buliard ! La seconde spéciale se passera aussi bien, même si la forte montée au départ fut interminable pour mon petit moteur et la boite trop longue. De plus un léger tout-droit à l’épingle nous fait perdre quelques unités… Pourtant sans trop en faire les sensations sont là, et au terme de la 1ère boucle nous sommes dans le trio de tête de la classe, groupés en 6 secondes avec Buliard et Fabrice Martin qui a trouvé le maniement de sa nouvelle boite 6 crabot.
   Après un regroupement sous le soleil et une assistance plus typée promenade que mécanique, direction l’ES3 pour continuer sur notre bonne lancée. Tout se passe bien, hormis un freinage un peu trop osé au seul endroit du rallye où nous mettons la 5… Au final une légère amélioration : la cadence est bonne, nous sommes second suite au retrait de la Samba, et l’écart avec Vandamme notre poursuivant est suffisant. Mais, car ce rallye se résumera à ce « mais », vient l’ES4… Parti sur un rythme un peu plus élevé, le début de spéciale se passe bien, jusqu’à l’arrivée sur la célèbre épingle très serrée. Un peu trop vite au freinage, je câble pour éviter un long tout droit, l’auto commence à pivoter, les roues approchent du bord saillant de la route, et là survient une douleur intense… Parties d’un coup en butée, elles font brutalement tourner le volant, totalement libre puisque l’auto n’a pas de direction assistée : mon pouce ne résiste pas à la torsion… Stoppé en travers au milieu de l’épingle, je reprends rapidement mes esprits après un mot de Joël et on repart, terminant la spéciale avec difficulté. Pourtant surprise nous améliorons notre temps ! Mais ce gain passe au second plan, ne parvenant plus à maintenir le moindre effort avec la main gauche. Arrivé au regroupement, l’aide de la famille Denis sera précieuse : glace, strap et bandage à l’assistance, pendant que Joël s’occupe de l’auto… Grâce à la séance de motivation de ceux qui m’entourent, je décide de continuer quand même, quitte à abandonner si c’est trop difficile et dangereux car il reste encore 4 spéciales à parcourir...

   Les préparatifs au départ sont laborieux, la gène toujours intense. Joël m’aide à enfiler les équipements et m’attacher : pas le choix, il faudra rouler d’une main ! La concentration en course rend l’effort moins insurmontable que prévu. Néanmoins la main gauche ne me sert plus que dans les appuis et de maintient sur les freinages, réalisant la quasi-totalité des opérations avec la droite pourtant déjà bien occupée par le levier de vitesse. Mais à notre grand étonnement, la perte de temps n’est que minime vu les conditions : environ une seconde au kilomètre !
   C’est ce qui me motivera à continuer : c’est encore jouable, on s’est donné trop de mal à aller chercher cette 2ème place au milieu des furieux pour la laisser s’échapper si bêtement. Entre serrage de dents en spéciale, et soulagement en liaison, nous parvenons à conserver un écart suffisant sur le 3ème, avec même notre meilleur chrono dans l’ultime spéciale ! Ce fâcheux événement a cependant laissé quelques instants mémorables, comme le passage folklorique de cette épouvantable épingle où grâce à une note intitulée « vas-y », mon cher copilote m’aidait aussi vite que possible à tourner le volant ! Egalement la présence dans l’auto d’un élément qui a étonné beaucoup de monde au podium comme à la remise des prix : un sac de petits pois congelés, le top pour soulager la douleur en liaison d’après notre infirmière d’un jour ! Partagé entre la joie de cette seconde place finalement accrochée, et l’incertitude sur l’état de ma main, le final de ce rallye de la Plaine est contrasté. Heureusement une bonne soirée avec mes compagnons d’un jour à quelques kilomètres de Mirecourt permettra de se changer les idées après une journée aussi agitée ! Pensant dans un premier temps à une vilaine entorse, la visite à l’hôpital le lendemain tombera comme un couperet : scaphoïde (os à la base du pouce) cassé, opération, et plâtre pendant un long moment : la fin de mes espoirs de rallye Vosgien au volant et de belles épreuves prévues coté photo... Mais si la santé le permet, je compte bien prendre ma revanche sur le sort en fin de saison, et des deux mains !

   ps : un grand merci à tous ceux qui m'ont soutenu sur ce week-end, en particulier Joël, Aurélien et sa famille, et tous les zouaves de la F2000-12...